Isabelle PAQUET publie ses premiers textes poétiques « Quand je suis redevenue » dans la Revue suisse L’Epître.
« En si peu de mots, elle réussit le pari de nous projeter dans son monde peuplé de fantômes vivants, sans nom et sans visage. Et pourtant, nous les imaginons -ceux qui croisent son chemin- croquer dans un Haribo, éclairé à la lumière froide d’un frigo, traîner dans un parc en cherchant à la séduire ou à lui donner du plaisir dans une chambre d’hôtel.
Les va-et-vient fluides entre l’intime et le monde extérieur, entre l’introspection et la réalité parfois brutale du dehors transforment les gestes banals et les lieux du quotidien en des espaces habités par l’absence, la recherche de l’autre dans une écriture au bord du précipice mélancolique où les mots s’entrechoquent sans jamais nous choquer, comme le ressac du passé qui l’interpelle. Frotter là où cela pourrait blesser ne semble pas l’arrêter, peut-être même qu’elle s’amuse à évider des questionnements superflus comme pour ne pas leur donner d’importance. Les faits, les descriptions suffisent à ennoblir une solitude palpable, encerclée de personnages qu’elle rend finalement insignifiants. Elle, elle prend la plume et « s’exécute ». La seule qu’elle égratigne, c’est elle-même avec l’ironie de la désespérance ou la lucidité poétique, sans fausse naïveté ni effets stylistiques inutiles. Chapeau bas. »
Stéphanie Barisione