Friche, y es-tu ? Que fais-tu ?
Hier nous parlions agriculture.
Nous parlions de producteurs qui te parlent tomates à concasser et qualité de terrain, et de ceux qui ne désirent qu’une chose : faire tache d’huile.
Producteurs l’un et l’autre, ils vivent un quotidien diamétralement opposé.
Faire tache d’huile, c’est une histoire d’échelle et d’expansion.
La loi Exponentielle. Cette courbe que tu trouvais plutôt jolie en cours de maths.
Il te faudra augmenter considérablement tes stocks, le nombre de tes salariés, tes rendez-vous institutionnalisés et syndiqués, ton aura, ton budget. Pour convaincre certains, il te faudra un sens ; ressors ces histoires de tomates concassées et de terrain mais pense à les écrire avant sur un post-it car réciproquement, tu auras moins de temps à leur consacrer et peut-être oublieras-tu leur odeur, leur goût.
Aujourd’hui, nous nous sommes faits pirater la page facebook de la Friche Lamartine.
Une publication, aux enjeux évidemment commerciaux à en juger par le choix de pseudonyme et de support attaqué, nous annonçant la naissance d’adopteunefriche qui « matche les propriétaires de friches avec des porteurs de projets ».
Industrie créative, mon amour.
C’est à pleurer. Les Friches n’échappent pas aux dichotomies de sens.
Que vous absorbiez la grande majorité des maigres ressources publiques, nous y sommes habitués bien que nous le déplorions. Monopolisez la dénomination qui nous unit, remodelez son sens, nous en mourrons.
Pendant ce temps là, Adopteunefriche « rassure les propriétaires de friches qui craindraient que ces résidents temporaires s’incrustent » et les résidents de Lamartine portent la leur sur leurs épaules. Ils préparent leur plage, tout en se demandant à quelle sauce ils seront bientôt mangés.
Friche, y es-tu ? Que fais-tu ?
Je mets mon maillot.
Maud Lechevallier