À Lyon, le 08/01/2019
Communiqué
La Friche Lamartine n’a jamais été autant courtisée qu’en cette fin d’année 2018. De la Rentrée en Friches de la Briqueterie à Amiens à la journée de réflexion sur les Émergences de la Ville de Lyon, en passant par des rencontres avec la Métropole de Lyon et un forum du Cercle des Développeurs autour des occupations temporaires à Saint Étienne, les invitations à témoigner de la Friche Lamartine se sont multipliées. Flattés, nous demeurons conscients que notre charme est sublimé par l’approche de grandes dates, dont notre relogement.
Suite à deux parutions d’articles évoquant l’expérience Lamartine (Friche Lamartine, bientôt la lumière, 4 déc 2018, S. Broquet ; et Édito, 12 déc 2018, S. Broquet), il nous semblait judicieux de mêler notre bruit à celui de la ville et de la presse pour apporter notre propre récit des actualités.
Depuis fin 2015, nous échangeons régulièrement avec la Ville de Lyon autour du relogement, les négociations allant de la sauvegarde de mètres carré au budget alloué à la reconversion du site, en passant par la méthodologie de travail.
Ce long travail d’interlocution avec l’institution nous permet de constater qu’une nouvelle écoute s’est mise en place autour de notre manière de faire friche, notre rapport au lieu, notre façon de l’orchestrer collectivement, notre capacité à mettre en lien par le fait de vivre un même espace. Mieux encore, notre singularité est dite exemplaire. D’un caillou dans la chaussure, nous devenons une initiative applaudie, reconsidérée avec soin.
Nous nous réjouissons de cette nouvelle attention et saluons le travail mené jusqu’ici avec M. Loic Graber et la Direction des Affaires Culturelles.
Le deuxième pas est encore balbutiant. Malgré cette bonne entente, nous perdons un tiers de surface. Et la Ville de Lyon nous reloge : contrairement à notre demande, elle internalise la maitrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre assumée par la Direction de la Construction, avec qui nous ne pouvons communiquer directement. Alerter sur des aménagements inadaptés à nos pratiques artistiques est un parcours du combattant.
La genèse d’une friche artistique vient pourtant de la reconversion et de l’appropriation d’un lieu par un collectif pour y permettre une multitude d’usages. Animées par cette culture, les équipes permanentes du lieu se réunissent depuis plusieurs mois pour projeter leurs pratiques, inventer de nouvelles manières de cohabiter, mais ne peuvent visiter les nouveaux murs et travailler in situ. Ne connaissant ni le calendrier des travaux ni la répartition de l’enveloppe financière attribuée au projet, nous ne pouvons être assurés que la spécificité d’aménagements que requièrent les pratiques de nos membres soit assimilée par la maitrise d’œuvre municipale.
Ce portrait dressé, et comme il est de coutume en cette période, nous nous adressons de meilleurs vœux et bannissons toute attitude résignée pour l’année 2019 :
Que la nouvelle sensibilité des collectivités envers les lieux reconvertis par et pour des artistes mène à une réelle évolution de leurs mœurs et de leurs normes.
Que naissent des envies d’expérimentation avec les initiatives spontanées issues de la société civile.
Que soit reconnu et soutenu ce qui naît sans demander la permission.
Que ces expériences soient défendues par le pouvoir public d’une uniformisation orchestrée par des intérêts privés bien loin des enjeux sensibles qui font le terreau de la création artistique.
Que les Patrick Bouchain, les Bricologis, les Grrrnd Zero, les Briqueterie, les Pol’N, les Fructose, les Shakirail, les Laverie et Cartonnerie, les ZADs, et tout abri de fortune débordant de vie aient le vent en poupe.
Que dans ce contexte, nous accouchons sans trop de douleurs de notre triplé de friches Ronfard, Pionchon et Tissot !
La Friche Lamartine
[ Les éditos de MadeInLamartine sont chaque fois rédigés par des plumes différentes, ce sont des interprétations subjectives d’usagers de la Friche Lamartine. ]