EDITO AH-vrille 21 Ah! Ou Argh! Ou encore Aaaaaaaah...? À l'heure où toutes les facettes du smiley semblent rassemblées dans un même rouleau, bien tassées les unes contre les autres, le printemps des masques peut devenir celui des émotions : il nous pousse à nous faire poètes. Poètes au bout du rouleau convoquent une WeshPoésie, un flow à base de popopopouet s'impose à Sciences Po...easy pour désensourdir les esprits engourdis par la psycho-science of permanent control. Car il s'agit de résister ardemment à cette pensée nauséabonde qui sussure un funeste destin dans l'air ambiant : au-delà même de l'injonction latente à être jeune ou valide qu'a couronnée la fin des années deuxmillevingt - il faut bien le dire - dans nos années folles à nous, il faudrait de surcroît "mériter de vivre". À l'image d'un pays liquidé par une notation AAA, chaque privation de liberté fondamentale se vit aujourd'hui comme un drame absolu au niveau individuel comme sociétal, de déconfiture en reconfiture. Vraiment l'horreur, le pire que toute la modernité a à nous offrir. Aaaaaah mais alors... dépassons le "A" privatif, retendons nos fils de vie après un chapitre si distendu pour lancer des fils de vue, ouvrons le regard comme un kaléidoscope de centaines d'images parsemées dans le temps, retrouvons-nous au coeur de l'expérience, nez-à-nez avec nos sens rendus conscients, profitons-en pour donner à voir dans la ville là où l'on marchait à l'aveugle, levons peu à peu nos cuirasses empruntées pour une occasion éphémère, écrivons dans de nouveaux épîtres, collectivement mais à partir de soi, en magistères de nos existences reliées, de ministères en féministères la possibilité d'un Aha! salvateur au milieu d'un marasme qui nous pousse à partir en vrille. Et pourquoi Ah? Car c'est bien l'archipel d'un Ah! que l'on cherche à vivre, celui d'un imaginaire florissant, qui prend son sens à bras le corps. Celui non pas d'une communauté se reposant sur ses codes mais celle d'un biotope agissant et désirant. Une friche à qui l'on tient, qui tient et se met en route. Jérôme Dupré la Tour
[Les éditos de Made In Lamartine sont à chaque fois rédigés par des plumes différentes, ce sont des interprétations subjectives d’usagèr·es de la Friche Lamartine]