Recommandations culinaires à l’attention de frichards lyonnais
La région lyonnaise est un haut lieu de culture gastronomique. La friche Lamartine ne peut se soustraire éthiquement à un tel héritage. Les beaux jours arrivant à la vitesse d’un pur-sang sous stéroïdes, il convient de réviser nos principes culinaires, et, à l’image de notre actualité, d’édicter un certains nombres de règles qui feront de nous des cuisiniers modèles et investis de nobles intentions.
Aussi nous vous recommandons à vous, toqués de tous poils :
– De ne poivrer qu’au moment de servir,
– De ne pas laver les champignons mais de les essuyer seulement, avec un torchon propre (sauf s’ils sont trop chargés du sable du terrain de foot attenant) ; de ne pas essayer toutes autres formes de consommation,
– De blanchir 2 minutes les feuilles d’estragon avant de les employer,
– De ne pas cuire la moutarde si l’on veut lui conserver son piquant,
– De ne plus utiliser en cuisson toute graisse ayant servi à faire revenir ou dorer,
– De remplacer, pour des raisons diététiques, le beurre si cher aux lyonnais par le saindoux ou la graisse d’oie …
Pour ce qui concerne l’ustensile, notons que la gamelle employée n’est pas sans conséquence sur la saveur du mets. La porosité produit d’indubitables rémanences (la fonte, le grès, la terre…) d’où la bonne réputation des « vieux pots ». Par contre, le verre les ignore …
La nature du métal suscite des micro-réactions. On estime généralement que la fonte est indiquée pour les plats mijotés et les sauces, lesquelles, dit-on, risquent d’être décolorées dans l’acier chromé.
Toutefois, on ne peut écarter l’hypothèse que l’archaïsme d’une recette, plus celui de l’ustensile, plus la nostalgie dont on les accompagne, ne suscitent, par autosuggestion de ces sensations toutes subjectives dont l’art de la dégustation offre plus d’un exemple amusant …
Décidément, qui s’aventure à aborder ce sujet se condamne à marcher sur des œufs !
Tels sont les principes qu’ont édictés des sages, dont Monsieur Paul préside désormais le collège dans l’olympe des chefs. Mais le lecteur revêche et l’artiste retors que nous connaissons bien suivra aussi, s’il lui plaît, le célèbre conseil d’un certain Edouard Herriot, voisin de quartier et de pensée : « Appuyez-vous sur les principes, ils finissent toujours par céder ! ».
Ne voyez bien sûr dans aucun de ces propos autres sujets que ceux qui concernent l’univers de la sainte cuisine.
Bon appétit, mesdames, messieurs !
JD CHAILLOU, frichard épicurien.