C’est quoi cette zone ?
« maman quand je serai grand, je veux être un professionnel du désordre » lu à Nantes
J’ai la zone à défendre, je suis un chien qui galope et qui rue, un pissenlit qui aime le bitume à en crever, un oiseau qui pépie la nuit, un poulain qui aboie, un édito qui s’enflamme. Je suis un migrant en Mercedes, un rappeur en jogging Lidl. J’ai la zone à défendre, les mal logés, les mal vêtus, les mal coiffés, les mal nourris, les mal lunés, les désargentés. Je suis le désordre universel, un qui se ré-invente, un qui ne se trouve pas, ou plutôt nulle part.
Je n’ai pas de zone à défendre, juste un tout où vivre. Je ne vis pas en parcelles, en bribes, en morceaux, mais bien en vrac, sans contenant défini.
Je n’ai pas de zone à défendre. Je ne suis pas là pour me battre, pour disputer un territoire, mais pour me débattre, m’ébrouer, m’éprouver. Je suis là et je suis juste là.
J’ai une zone à fendre, des frontières à faire péter, des limites à exploser, de sales questions à poser.
Je n’ai pas de lieu propre. Je suis impropre au zonage.
Je suis un zonard, où je suis, c’est ma zone, et c’est aussi la tienne. Ma zone n’a pas de clôture, pas de seuil, pas de limite de seuil.
Zone d’influence, zone frontalière, zone industrielle, zone de confinement, zone d’emploi, zone d’éducation prioritaire, zone d’intérêt faunistique, zoo-ne…les zones de ceux qui ont peur, de ceux qui cherchent à confiner, à endiguer, à ranger, à ordonner. Les perfides ateliers de concentration.
Je suis la zone, la zone qui déborde, la zone en crue, bouillonnante, ravageuse, brouillonne, je ne m’en défends pas.
Louis Cahu.
[ Les éditos de MadeInLamartine sont chaque fois rédigés par des plumes différentes, ce sont des interprétations subjectives d’usagers de la Friche Lamartine. ]