MADEINAVRIL 2018

Image de printemps

Issues de Lamartine étaient jusqu’alors des œuvres humaines, que ce soient des morceaux de musique, des textes chantés ou parlés, des pièces de tissu, des images peintes ou mouvantes, des pots de terre, des sculptures, aussi bien de poubelles qui débordent, des conversations agacées, des fêtes endiablées, des décisions si-rieuses, de ces tout petits riens qui composent la trame vivante du récit de ce lieu, vibrant paquebot au sein duquel des gens se cherchent une destination, commune, ou non, et qui les laissent parfois épuisés, mais sereins et solides en leurs errances. Un présent, à tous les sens du terme. Dur à vivre, tout comme l’amour, mais enviable, parce qu’inconnu, tout comme l’amour. A construire, à démolir, à reconstruire, mieux instruits, peut-être, sans cesse, et sans espoir de répit, jamais. Vivants !

Inquiets, nous voici à, non pas imaginer, rêver, voler, aboyer, mordre, chanter, gueuler, danser, pleurer, mais enfermer, exorciser le demain. Maintenant qu’est connue la destination finale, un point de chute pérenne où poser, se poser ; arrêt total, stop : on ne déconne plus, nom de Dieu ! Qu’émerge enfin le Surlamartinien digne, le frichard abouti, épuré, rincé, alchimie suprême du self-named artiste labellisé Ville de Lyon. L’adhérent du futur, celui qui colle à la friche. Certifié con/forme. Élaboré scientifiquement suite à enquête d’opinion, questionnaire mortifiant, soumis à réponses obligatoires, astérisques sans périls.

Incultes, c’est à dire en friche, en vrac. Là où tout peut croître, peut vouloir pousser. Nous pouvons prétendre à cet être là. Sans avenir, sans perspective et surtout sans projet. Immédiats, incoercibles, sensibles et fragiles jusqu’à la catastrophe, avides de la frôler, sans garde-fous. De nos seules folies peut prospérer un vivre ensemble qui nous inclut tous, nous, nos questions, nos maladresses et nos talents.

Inquestionnables, parce qu’il est hors de question de jamais savoir qui nous serons demain, confiants dans notre désir de courir au devant de ce vide. Déraisonnables et déterminés à le rester. La friche est, elle est une terre ouverte, une histoire à écrire, un tableau à peindre, un film ou une cruche à tourner, un spectacle inattendu à donner et d’autres choses que nous ne savons pas, que nous ne saurons jamais. Qu’elle soit, qu’elle rie, qu’elle pleure, qu’elle éclabousse et que ça nous mouille, nous trempe jusqu’aux os. Encore et encore.

Louis Cahu.

[ Les éditos de MadeInLamartine sont chaque fois rédigés par des plumes différentes, ce sont des interprétations subjectives d’usagers de la Friche Lamartine. ]